Titre : Dans la forêt
Autrice : Jean Hegland
Éditeur : Gallmeister
Date de publication : 2018 (1996 première édition)
Nombre de pages : 309
Quatrième de couverture
Rien n’est plus comme avant : le monde tel qu’on le connaît semble avoir vacillé, plus d’électricité ni d’essence, les trains et les avions ne circulent plus. Des rumeurs courent, les gens fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d’inépuisables richesses.
Mon avis
Bonjour à tous ! J’espère que vous allez bien !
Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler du roman Dans la forêt que j’ai lu dans le cadre du Shiny Summer Challenge, et probablement sans lequel, ce roman serait resté encore des années dans ma PAL. Pas qu’il ne me tentait pas, mais il y avait un je-ne-sais-quoi qui me faisait sans cesse repousser cette lecture ! Et au final, je suis ravie de l’avoir lu, même si je ressors de cette lecture avec un sentiment assez indescriptible et qui me chamboule particulièrement.
Ainsi donc, dans ce roman, nous partons à la rencontre de Eva et Nell, deux soeurs de 18 et 17 ans respectivement, qui vivent – ou plutôt survivent – au cœur de la forêt – alors que la civilisation s’est effondrée.
Commençons donc par ces deux personnages, qui sont, comme vous l’aurez compris, au centre du roman. L’histoire nous est racontée depuis le point de vue de Nell qui raconte son histoire dans un carnet. De manière générale, je dirais que je me suis bien attachée aux deux filles, mais j’ai tout de même une nette préférence pour Nell. Elle est très attachante, attentionnée et à prendre soin des autres. Même si elle est la plus jeune des deux, elle prend toute la responsabilité sur ses épaules. Elle est d’une force mentale incroyable, tout en restant profondément humaine, avec ses moments de faiblesse.
La vie n’a clairement pas épargné les deux filles. Entre le décès de leur mère d’une maladie, puis cet effondrement de la société et le décès de leur père, le sort s’acharne décidément sur elles. Et encore, je vous passe le reste pour ne pas vous spoiler.
Pour autant, les deux filles se battent pour survivre dans des conditions extrêmes, livrées à elles-mêmes, alors qu’elles n’ont jamais connu autre chose que le confort d’un agréable foyer, entourées de leurs proches.
Et des difficultés va naître une relation incroyable entre ces deux sœurs. Très loin d’être parfaite car dans des conditions de vie aussi difficiles, rien n’est tout beau, tout rose. Les deux filles vont se détester, s’aimer, rire ensemble, pleurer ensemble. Mais finalement, c’est ça aussi une relation familiale. Malgré tout ce qui leur arrive et les obstacles qui tentent de briser leur lien, c’est cette relation qui les tient d’une certaine manière. On voit la force de l’amour fraternel à travers leur relation. C’est beau à voir et c’est un peu d’espoir dans ce roman qui en a bien besoin !
Si je passe à l’histoire en elle-même, et comme je vous disais au début de cette chronique, je ressors de cette lecture avec une impression indescriptible, peut-être celui du fait de n’avoir jamais lu un livre pareil. Ce roman est incomparable avec les autres romans que j’ai pu lire dans ma vie auparavant.
Je vais essayer de vous expliquer aussi clairement que possible mon ressenti et les diverses facettes de ce roman, mais cela ne va pas être évident !
Disons déjà que si l’on est très loin de s’ennuyer dans ce roman, ce n’est pour autant pas un roman d’action. Il y a des moments bien plus lents, où c’est l’occasion pour Nell de se livrer à de l’introspection. A travers ce journal qu’elle rédige presque quotidiennement, nous découvrons son ressenti face à la situation, son ressenti vis-à-vis de sa sœur, toutes ses pensées finalement mises à nues.
Au fil des pages et des notes de Nell, nous suivons leur vie avec sa soeur, au milieu de cette forêt, orphelines de leur état, à tenter de survivre chaque jour comme elles le peuvent, avec les ressources qu’elles ont à leur disposition.
Je vois là une sorte de dimension écologique et critique à l’égard de la société actuelle. Une sorte de projection dans le futur de ce qui pourrait arriver si nous continuions sur le même modèle de consommation. Et on le voit très bien avec Nell et Eva : elles ont toujours connu un toit sur leur tête, le chauffage, l’électricité, la nourriture à profusion, internet, … et finalement, lorsque la société s’effondre petit à petit, il faut apprendre à se passer de choses que l’on considère auparavant comme essentiel.
C’est drôle parce qu’au moment où je lisais ce roman, je me suis retrouvée privée d’eau. Et simplement avec cette dimension-là en moins, je me suis rendue compte à quel point cela bouleversait mon quotidien. Ne plus pouvoir ouvrir le robinet directement pour boire, pour me laver et autre. Et ce n’était que l’eau. A côté de ça, j’avais l’électricité, internet, et tout le reste ! Mais je me retrouvais tout de même à faire très attention à la moins goutte d’eau ! Et j’imaginais alors Eva et Nell complètement démunies, à tenter de manger la moindre herbe comestible pour survivre.
Je crois que d’une certaine manière et si je suis déjà quelqu’un qui fait plutôt attention à sa consommation, ce roman me sensibilise d’autant plus à cette problématique de la sur-consommation. On ne se rend plus compte de la chance que nous avons d’avoir autant de ressources, sans avoir à lever le petit doigt ou presque. A moins d’être dans le milieu de l’agriculture, nous nous retrouvons rarement à devoir cultiver nos fruits et légumes et céréales pour manger.
Ici, les filles sont confrontées de la plus brutale des manières à cette effondrement de la société. Elles passent d’une extrême à l’autre et en plus, sont obligées de le faire sans la présence de leurs parents.
Dans la forêt n’est pas juste un roman, c’est bien plus que cela, d’où ma difficulté à formuler un avis structuré et cohérent (je m’en excuse d’ailleurs). C’est tout d’abord un roman d’apprentissage fort, où l’on suit les deux filles dans cette quête de survie. Elles apprennent chaque jour un peu plus à survivre, par tous les moyens. Mais c’est aussi une magnifique histoire de relation familiale. Rien n’est plus beau et puissant que ces deux sœurs livrées à elles-mêmes, dans cette forêt et exposées aux dangers. Le lien qui les unit se déforme en tous sens mais finalement, reste bien présent.
Si ce roman est d’une certaine manière une critique de l’humain et de la société humaine, c’est également un éloge à l’humanité. C’est un peu contradictoire, mais c’est exactement ça. L’autrice met l’humain au cœur du roman : dans sa manière de vivre, de penser, d’évoluer, de tisser des liens. Et on se rend compte qu’en tant qu’humain nous avons tant de ressources insoupçonnées !
C’est un roman qui est aussi très sauvage, dans tous les sens du terme. Que ce soit pour son immersion, dans cette forêt ; pour cette confrontation avec toute la réalité de la nature justement qui est sans pitié ; pour ce retour à l’instinct premier des hommes qui plongés dans une situation de survie sont prêts à tous les sacrifices. Nell et Eva, se retrouvant sans nourriture, ni eau, repoussent des limites qu’elles n’auraient jamais imaginé.
Quand j’ai eu refermé la dernière page du roman, voilà ce que j’ai pensé précisément : « c’est un peu déprimant ce bouquin tout de même » et quelques secondes seulement après, avoir pensé « mais c’est tellement fort, puissant et beau d’une certaine manière ». Voilà donc ce qui m’a traversé l’esprit à la fin de ma lecture et je pense que c’est la manière la plus juste de représenter mon avis à propos de ce roman.
Avant de conclure, je souhaite dire quelques mots sur la plume de l’autrice. C’était la première fois que je lisais un roman de Jean Hegland et je suis ravie de l’avoir fait, notamment pour sa plume absolument splendide. Les mots sont parfaitement à leur place, si bien agencés les uns avec les autres. C’est poétique autant que puissant. Il y a un vrai travail dans ces mots je trouve ! Et je pense que ce travail est en partie celui de la traductrice qui a su retranscrire l’essence du livre et des phrases !
En somme, et si même après avoir rédigé cet avis, je suis toujours autant chamboulée par cette lecture, je ne peux que vous inviter à découvrir ce roman à votre tour. La quatrième de couverture mentionne « un choc littéraire » et je pense que c’est ce qui se rapproche peut-être le plus de mon ressenti à l’instant présent.
Ma note : je préfère ne pas mettre de note à ce roman car elle ne serait absolument pas représentative.
Lu dans le cadre du Shiny Summer Challenge (Menu Orage d’été – Catégorie Se rafraîchir en plein cagnard)